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Jean-Michel BONVIN

Docteur en sociologie et professeur ordinaire en politiques sociales et vulnérabilités à L’Université de Genève. Ses champs d’expertise recouvrent les politiques sociales et de l’emploi, l’innovation organisationnelle dans le secteur public et le tiers secteur, la sociologie du travail et des entreprises et les théories de la justice, notamment l’approche par les capabilités.

 

diaporama Bonvin (diaporam à télécharger PDF)

 

Mettre l’autonomie et la participation de l’usager au cœur de l’action sociale et sanitaire : identifier les conditions d’un changement effectif des politiques et des pratiques

Les politiques sociales contemporaines visant l’activation de leurs bénéficiaires, ainsi que  l’individualisation et la contractualisation des interventions, sont marquées par de profondes ambivalences. D’un côté, elles semblent promouvoir l’autonomie et la participation des bénéficiaires, les appelant à devenir des acteurs de la politique (ce qui apparaît d’autant plus difficile, voire rhétorique dans certains cas, que ces bénéficiaires se trouvent dans des situations de grande vulnérabilité qui entravent significativement leur capacité d’action) ; de l’autre, le but des politiques et l’objectif à atteindre au travers des programmes mis en place sont souvent prédéfinis par les institutions publiques et les bénéficiaires sont censés intérioriser ces attentes et y répondre au mieux, sous peine de voir leurs prestations réduites, voire supprimées. Se posent ici deux problèmes fondamentaux : tout d’abord celui de la capacité d’autonomie et de participation des bénéficiaires et des conditions à mettre en place pour rendre effective une telle capacité ; ensuite celui du risque d’injonction paradoxale, où l’autonomie du bénéficiaire se résume à un appel à accepter une solution hétéronome, donc conçue et élaborée par d’autres. Notre contribution vise à mettre en lumière les tenants et aboutissants de ces deux tensions (liées d’une part à la capacité de participer et d’autre part à la réelle liberté de choix des bénéficiaires) à la lumière des théories de la justice et plus spécifiquement de l’approche par les capabilités de l’économiste et philosophe Amartya Sen. Seront notamment détaillés les mécanismes à l’œuvre dans ce double champ de tensions et mises en évidence les conditions à remplir pour rendre effective la capacité d’autonomie et de participation des bénéficiaires, tout en leur reconnaissant la liberté de choix la plus étendue possible dans leur relation avec les représentants institutionnels. En mobilisant le concept de démocratie constructive proposé par Amartya Sen, nous aborderons ces problèmes sous le double angle du contenu des politiques (les processus d’élaboration, le cadre organisationnel et managérial, la possibilité pour les bénéficiaires de participer effectivement à la définition de ces aspects) et de leur mise en œuvre (la relation de face-à-face asymétrique entre un bénéficiaire et un représentant institutionnel, les conditions d’une prise en compte de la voix des bénéficiaires dans un tel cadre). La contribution s’appuiera sur des projets de recherche européens, récents ou en cours de réalisation, portant sur la situation spécifique des jeunes vulnérables. 

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